Tu vis dans un autre pays que le mien. Un pays qui voit naître le jour avant le mien.
Ce temps et cet espace qui semblent nous séparer sont des remparts d'argile qui perpétuent le feu qui s'agite en nous, le feu qui nous unit.
Oui, mon amour, je vis constamment dans le passé. Je vis dans le Temps perpétuel. Ce sérail du souvenir que j'ai construit, au fil des années, pour abriter ma passion pour toi, pour me réfugier dans cette nuit éternelle, sans toi , pour faire semblant de vivre ; vivre ces océans de temps que j'ai passé à t'aimer, passer toutes mes vies à me nourrir de ton souvenir, de ton amour éternel, à dompter ma souffrance , à narguer la mort qui ne compte guère, à conjurer le temps de ma solitude, ma solitude qui hurle, dans la nuit des temps.
Ce sérail ou je vois partout ton sourire qui m'irradie de bonheur, ou je sens ton souffle qui caresse mes joues, qui atténue mes rides, ton rire qui retentit en moi, insolent, intemporel, enflammé. Ta présence … ta présence qui me hante, qui vit en moi tel un poignard dans une chair meurtrie, tes pas qui scindent le silence de l'oubli, et ton amour… ton amour qui me traverse telles les laves d'un volcan, ton amour qui sertit mon temps, mon temps perpétuel en toi.
Inédit
Extrait du Temps perpétuel
Alex Caire
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Horus Editeur - 2006