A part les pyramidons inconnus de la Nubie, la basse Egypte compte 9 célèbres pyramides, dont les trois incontournables qui font partie du folklore habituel avec son cortège d'aberrations touristiques. Naguib Mahfouz qui vient de mourir à l'âge de Ramsès II est la seule pyramide humaine des arts et des lettres modernes d'Egypte. Il est mort comme il a vécu, chez lui, dans son vieux Caire. Son Egypte à lui est une ruelle qui s'anime, un sourire, une main tendue, de la générosité face à l'adversité, une patience qui relativise tout, un silence éloquent face à la tyrannie et à l'intégrisme de tout bord. Une vie de tolérance face à la myopie des hommes. Bref, du temps perpétuel. Viennent ensuite l'écriture, les mots, la vie qui est sa Donia*. Comme il se méfiait des louanges de son vivant, fuyait les récompenses, maléfiques selon lui, il est fort embarrassant de rendre hommage à un grand compatriote après son décès. Si les connaisseurs et les empressés d'y être parlent de l'écrivain, je préfère me souvenir de l'homme qui a enfanté l'écrivain. Toute la grandeur de Mahfouz est là.
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*Donia signifie en arabe monde, vie, univers.
Naguib Mahfouz publie Donia'Allah en 1968
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Alex Caire
Naguib - Inédit
Extrait du Temps perpétuel
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Horus Editeur-2006